Et si les grands maîtres de la peinture avaient troqué leurs costumes d’époque pour un survêtement Adidas bien flashy ? C’est plus ou moins le pitch de Ross Muir, peintre écossais contemporain qui revisite les icônes de l’histoire de l’art façon street culture et sportswear. Autodidacte, originaire d’Alexandria dans le Vale of Leven et installé à Glasgow, il s’est fait connaître en habillant Van Gogh d’un survêt’ : le désormais célèbre Square Gogh.
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Un autodidacte écossais qui a « juste Gogh » changé de vie
Né en 1981, Ross Muir ne se destine pas au départ à une carrière artistique. C’est vers 30 ans, après avoir reçu un simple coffret de peinture, qu’il se met à peindre de manière compulsive, comme une façon de remettre sa vie sur les rails. Son talent brut explose rapidement : en 2018, son tableau Square Gogh, où Vincent Van Gogh pose en survêtement Adidas, devient viral en quelques jours sur les réseaux sociaux et attire l’attention de nombreuses galeries.
Cette trajectoire fulgurante lui ouvre les portes d’expositions à Glasgow, puis à Londres, où la prestigieuse Maddox Gallery le représente et lui consacre plusieurs expositions personnelles. Ses œuvres entrent même dans des collections publiques comme la Walker Art Gallery de Liverpool ou Turner Contemporary.
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Square Gogh, Jist Gogh Hame, Cona Lisa : le musée en mode streetwear
Le principe de base est simple : prendre une icône de l’histoire de l’art et la téléporter dans l’univers visuel de la rue et de la culture populaire actuelle. Dans Square Gogh, Van Gogh garde son visage mélancolique, mais porte un survêtement Adidas, comme un voisin croisé devant une supérette de quartier. L’image est drôle, mais elle fonctionne aussi comme un pont immédiat entre musée et culture de tous les jours.
Pendant le premier confinement, Muir décline ce Van Gogh en affiche urbaine avec le slogan « Jist Gogh Hame » – « Just go home » en accent glaswégien – placardée partout dans Glasgow pour inciter les habitants à rester chez eux. L’œuvre devient un mème local, puis international, et montre comment une image d’art peut servir de message de santé publique… avec plus de style que les affiches officielles.
Autre exemple : Cona Lisa, une Mona Lisa revisitée à la sauce Glasgow, inspirée de la statue du Duke of Wellington coiffée de son fameux cône de chantier. Ici, la figure la plus célèbre de l’histoire de l’art adopte un look street, bonnet, hoodie et attitude détendue, sans perdre ce léger sourire énigmatique. Le résultat : un mélange d’humour, de patrimoine local et de culture pop, décliné en tirages limités très recherchés.
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Hommages sérieux, humour assumé
Derrière les survêtements et les jeux de mots, le travail de Ross Muir reste un véritable hommage aux maîtres qu’il détourne : Van Gogh, Matisse, Picasso, Magritte, Dalí… La composition, la lumière et les couleurs trahissent une vraie compréhension des tableaux originaux. Les références sont claires pour les connaisseurs, mais l’humour et les codes de la street culture rendent l’ensemble parfaitement accessible à celles et ceux qui ont habituellement « peur des musées ».
Son « mission statement » est d’ailleurs limpide : amener à regarder l’art des gens qui n’y prêteraient normalement aucune attention. Le survêtement joue ici le rôle de passerelle : voir Van Gogh ou la Joconde habillés « comme nous » suffit souvent à déclencher un sourire… puis une curiosité bien plus sérieuse pour l’œuvre d’origine.
Voici quelques autres de ses créations:
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Si vous aimez les chefs-d’œuvre remixés…
Sur dessein-de-dessin.com, les détournements d’œuvres célèbres sont presque un sport de compétition. Si l’idée de voir Van Gogh en survêt’ vous amuse, vous devriez aussi jeter un œil à d’autres relectures irrésistibles :
• Les détournements de classiques avec les Simpsons dans des toiles célèbres, où Homer & co. s’invitent dans les musées avec une nonchalance exemplaire.
• Les portraits de chiens en mode « Nuit étoilée » de Van Gogh par Aja Trier, qui prolongent le dialogue avec Van Gogh en version toutou cosmique.
• Les classiques de la peinture avec une touche pop culture par Andrea Tamme, où les héros de séries et de films investissent les cadres dorés.
• Et pour finir en douceur (ou pas), des pandas dans des peintures célèbres… en GIF animés, preuve définitive que tout chef-d’œuvre peut être amélioré en ajoutant un panda.
Et bien plus en utilisant le tag parodie sur dessein-de-dessin.
Entre galerie, musée et culture web
Si les images de Ross Muir circulent massivement sur Instagram et X, son travail n’est pas cantonné aux timelines : on retrouve ses œuvres en galerie, mais aussi dans des institutions comme le GoMA (Gallery of Modern Art) et la Kelvingrove Art Gallery à Glasgow. Ses tirages et éditions limitées se vendent en ligne, confirmant ce double ancrage : à la fois enfant d’Internet et artiste parfaitement installé dans le circuit de l’art contemporain.
Sources
• Site web de l’artiste
• Maddox Gallery
• The art newspaper
• Design you trust
• Glasgow world