Quand on parle de peinture norvégienne, le nom d’Edvard Munch surgit aussitôt avec son célèbre Cri. Mais derrière ce cri expressionniste se cache une autre voix, plus douce et plus colorée : celle de Nikolai Astrup (1880-1928). Ce peintre et graveur sur bois, moins connu à l’international, a pourtant façonné une vision unique de la Norvège, entre folklore, mysticisme et nature lumineuse.
Feu de joie de la Saint-Jean
Un enfant de la nature norvégienne
Né en 1880 à Kalvåg, Astrup grandit dans la région de Jølster, un coin de Norvège de l’ouest où montagnes et lacs se reflètent dans une lumière parfois crue, parfois irréelle. Élevé dans une famille de pasteur luthérien stricte, il préfère les paysages aux sermons. L’asthme chronique dont il souffre le rend sensible aux atmosphères, aux brumes, aux saisons – un handicap transformé en moteur artistique.
Après des études à Trondheim puis à l’école de peinture de Harriet Backer, il se perfectionne à Paris en 1902, avant de voyager en Allemagne et en Italie. Mais contrairement à beaucoup d’artistes de son époque, il choisit de revenir vivre dans son paysage natal, persuadé que tout son art devait naître de là.
Couleurs saturées et atmosphères mystiques
Astrup ne peint pas un paysage réaliste, mais un paysage habité. Chez lui, un arbre devient presque un personnage, la rhubarbe prend des allures monumentales, et la lumière des nuits d’été brille d’un éclat surnaturel. Ses toiles respirent un mélange de naïveté, d’expressionnisme et de poésie.
Quelques caractéristiques de son style :
• Couleurs intenses : verts saturés, bleus éclatants, rouges vifs.
• Jeux de lumière : soleil de minuit, nuits claires, halos mystérieux.
• Folklore norvégien : feux de la Saint-Jean, contes et croyances populaires transparaissent dans ses compositions.
Contrairement à Edvard Munch, qui exprime l’angoisse existentielle, Astrup propose une vision plus sereine, presque enchantée de la nature.
Le maître des gravures sur bois
En plus de la peinture à l’huile, Astrup s’illustre dans la gravure sur bois. Mais là encore, il bouscule les codes. Là où les gravures expressionnistes allemandes sont sombres et anguleuses, les siennes rayonnent de lumière et de couleurs vives. Il expérimente la superposition de plusieurs planches pour obtenir des teintes nuancées, ce qui lui permet de restituer la magie des paysages norvégiens.
Astruptunet : son musée, son héritage
En 1914, Astrup s’installe à Sandalstrand, sur les rives du lac Jølstravatnet. Cette ferme, qu’il adapte et transforme, devient à la fois son atelier, sa maison familiale (il aura huit enfants avec son épouse Engel Sunde), et un véritable laboratoire artistique. Aujourd’hui, ce lieu porte le nom Astruptunet et se visite comme un musée. On peut y découvrir non seulement ses œuvres, mais aussi les jardins et les vergers qu’il entretenait – car oui, Astrup était aussi jardinier passionné, cultivant la rhubarbe comme motif pictural et décor naturel.
Quelques créations de Nikolai Astrup
Après la campagne anglaise de Charles Edward Wilson, voici la nature norvégienne avec quelques œuvres de Nikolai Astrup:
Une nuit de juin au jardin
Alhustunet, Jølster
Pommiers en fleurs
Oiseau sur une pierre
Anniversaire dans le jardin
Nuit de bouton d’or, Jølster
Nuit des Boutons d’Or
Par la porte ouverte
Nuit claire de juin
Début de l’été à Jølster
Onagre, rhubarbe, oie et cerisier des oiseaux
Onagre, rhubarbe, oie et cerisier des oiseaux
Ferme, Jølster
Digitales
Digitales
Soirée de juin avec une ferme du Far West
Salon à Sandalsstrand
Matin de mars
Nuit de souci
Rhubarbe
Sandal Shore
Soirée de printemps à l’étang du presbytère
Soirée de printemps à Jølster
Nuit de printemps au jardin
L’été et les enfants qui jouent
Dimanche
Les fermes de montagne de Befring
La vieille femme à la lanterne
Le presbytère au clair de lune
Sources pour aller plus loin
Amateur de jardin, découvrez également les peintures de David Woodlock.