Louis Justin Laurent Icart (9 décembre 1888 – 20 décembre 1950) est l’un de ces artistes dont le nom évoque instantanément glamour, frivolité raffinée et sensualité à la française. Illustrateur, peintre, graveur virtuose, il a marqué les années folles et l’Art Déco par des œuvres où la féminité, la mode et l’érotisme se marient avec une élégance infinie.
Chez lui, les femmes ne sont pas de simples modèles : elles sont des héroïnes, des muses, des créatures d’un monde où les plumes, les soies et les rires sont rois.
Joyeux Trio, 1916
Une vie dédiée à l’art
Né à Toulouse en 1888, Louis Icart gagne Paris en 1907, attiré par la capitale des arts. Rapidement, il s’essaie à plusieurs techniques : dessin, peinture, mais surtout gravure, discipline où il excelle.
Pendant la Première Guerre mondiale, il est mobilisé comme pilote, mais n’abandonne jamais le dessin. Au contraire, cette période marque l’affirmation de son style. Les années 1920 et 1930 sont son apogée : ses œuvres s’exportent jusqu’aux États-Unis, où elles séduisent autant les amateurs d’Art Déco que le grand public.
La Seconde Guerre mondiale, plus sombre, entraîne des pertes d’œuvres et un ralentissement de sa carrière. Il s’éteint en 1950 à Paris, laissant derrière lui une œuvre foisonnante et reconnaissable entre toutes.
Bandeau sur les yeux, 1922
Maître de la gravure
Louis Icart n’était pas qu’un simple dessinateur de jolies femmes : il était un technicien redoutable. Ses outils de prédilection :
• L’aquatinte : une technique de gravure permettant d’obtenir des nuances subtiles, proches de l’aquarelle.
• La pointe sèche : qui donne aux lignes une intensité et une texture presque sensuelle.
• La mise en couleur : certaines de ses œuvres sont rehaussées de couleurs appliquées à la main, renforçant leur caractère unique.
Ces procédés, loin d’être anodins, lui permettent de se démarquer dans un Paris déjà saturé d’artistes.
Couronne de Noël, 1922
L’univers Icart : glamour, mode et légèreté
Les thématiques de Louis Icart reflètent son époque et ses obsessions :
• La femme : tantôt muse mystérieuse, tantôt parisienne espiègle, elle est l’épicentre de son art.
• La mode : robes somptueuses, chapeaux extravagants, corsets abandonnés… son crayon suit de près l’évolution du costume féminin, qu’il transforme en véritable récit visuel.
• Les animaux élégants : chats, lévriers, oiseaux et autres compagnons apparaissent comme des complices dans ses scènes raffinées.
• L’insouciance : une atmosphère de luxe frivole, de plaisir mondain, reflet parfait des Années folles.
Dans le nid, 1922
Louis Icart et l’Art Déco
Si l’Art Déco est synonyme de lignes pures, de luxe et de modernité, Icart en incarne la version la plus séduisante. Ses gravures traduisent les bouleversements sociaux : l’émancipation des femmes, la libération des corps, l’affirmation du plaisir et de l’élégance.
Ses œuvres ne se limitaient pas aux galeries : elles circulaient, s’imprimaient, se collectionnaient, devenant ainsi une passerelle entre art de haut niveau et culture populaire.
Le chat endormi, 1922
Quelques œuvres emblématiques de Louis Icart
Parmi ses gravures et aquatintes les plus célèbres, citons :
• Intimité (1917), scène délicate et tendre.
• Paresse (1925), ode à l’art de ne rien faire… avec style.
• Mimi (1927), portrait féminin iconique.
• Symphonie en Bleu (1936), alliance de couleurs et de mouvement.
• La Dame aux Camélias (1927), hommage aux héroïnes romantiques.
Après les pin-ups Art Deco de Enoch Bolles, voici quelques autres créations de Louis Icart:
Paresse, 1925
Paon, 1925
Tentation, 1926
Mimi, 1927
Danseuse de flamenco espagnole, 1927
Vitesse, 1927
Moutons errants, 1927
Intimité, 1928
Moquerie, 1928
Souvenirs, 1928
Séville, 1928
Balançoire, 1928
Tosca, 1928
Zeste, 1928
Dalila, 1929
Joie de vivre, 1929
Menuet, 1929
Danse espagnole, 1929
Bulles, 1930
Marchande de fleurs à Paris, 1930
Méditation, Voile d’Or, 1930
Martini, 1932
Les Lis, 1934
Anticipation, 1935
Extase, 1935
Symphonie en bleu, 1936
Fille en crinoline, 1937
Dame en jaune, 1939
Sources pour aller plus loin
• Wikipedia
• Kodner Gallery
• Art in Context
• Artnet
A la même époque mais dans un style bien différent, découvrez également les créations de Gustave Van de Woestijne.
Cet article sur Louis Icart est fascinant ! J’adore comme il met en lumière l’importance de la technique dans l’art, avec ces procédés d’aquatinte et de pointe sèche qui donnent une vie toute particulière à ses œuvres. L’univers qu’il crée, plein de glamour et de légèreté, me plait particulièrement, surtout cette vision des femmes comme des déesses modernes. Il y a une grâce dans ses gravures qui rappelle l’Art Déco, mais avec une touche personnelle très affirmée. C’est dommage qu’une partie de son œuvre ait été perdue pendant la guerre, mais ce qu’il a laissé derrière lui reste incroyablement riche et captivant. Merci pour cette belle introduction à l’un des artistes que j’ignorais vraiment !